Décès du luthier Benoît Remy

Benoît Remy

Nous nous étions connus en octobre 1969. Dans un de ces "clubs des jeunes" très en vogues en ces années là.
Je me produisais devant un parterre d'une cinquantaine de spectateurs tous les samedis soirs. J'avais 16 ans.
D'autres "musiciens" en herbe venaient là pour trouver une audience pleine de mansuétude et de bravoure.
Car de la bravoure il en fallait probablement pour subir des "folkeux" et des "babas cool" très "feux de camps".

Nous étions aux antipodes de tout ça, Benoît et moi. Nous étions tous deux dotés de superbes guitares Jacobacci.
Cadeaux de nos pères respectifs. Et nous étions également les seuls à porter des costumes et des cravates.
Nous étions également les seuls à jouer le Blues. Passionnés de Snooks Eaglin ou encore de Robert Johnson.
Nous faisions donc notre petit effet sur un auditoire hétéroclite qui était surtout là pour chanter Hugues Aufray.  

En aout 1970 nous avons même formé un groupe très informel. Du Blues acoustique. Benoît jouait de la basse.
Il avait bricolé une basse acoustique bien avant que l'idée n'effleure les fabricants. Bien avant les demandes.
C'est à cette époque que nous avons découvert Mississippi John Hurt, Elizabeth Cotten et Rev Garry Davis.
Un choc. Pas pour le Finger picking puisque nous connaissions déjà très bien Chet Atkins ou encore Merle Travis.

Le style "piedmond". Cette manière répétitive de proposer un thème musical, de former une boucle pérenne.
Je lui dédie donc cette vidéo que j'ai mis en ligne cet après-midi, (mardi 10 janvier 2023) . Du pur Piedmond.
Il est parti dans la nuit de dimanche à lundi. Seul, dans sa vieille maison Bretonne qu'il était entrain de rénover.
Il exerçait dans sa période active dans la petite ville de Colmar. Il construisait principalement des guitares classiques.



Une pensée pour toi Benoît. Ta personnalité attachante, ta solide culture générale va beaucoup manquer à
tous ceux qui te connaissait. Que cette éternité de musique qui t'attend te soit source d'inspiration. Amitié.